Intervention du Collectif à la soirée organisée par l'ESCDD le 16 mai 2011

Point sur la situation des hôpitaux et de la santé

Dans les deux dernières années, on peut citer comme maternités en luttes contre les fermetures : Rethel, Decize, Vire, Paris Tenon-St Antoine (2 400 accouchements/an) , Aix les Bains, Valréas, La Ciotat (1300 accouchements/an), Die bien sûr.

Ainsi, depuis les années 80, la moitié des maternités ont été fermées.

 En chirurgie,  ce sont Ruffec, Brioude et Briançon. C’est la cardiologie de Mantes la Ville. Ce sont les soins continus de Decazeville (qui vient d’obtenir l’agrément du service de maternité pour 5 ans grâce au poids de la mobilisation citoyenne), la réanimation à Manosque, la radiothérapie à Guéret, etc. Les ARS mettent en œuvre la loi HPST qu’avec notre Coordination Nationale nous combattons. Les directeurs, nommés en Conseil des Ministres, ont tout pouvoir. Les ARS sont des outils de restructuration, au profit du privé, qui s’appuient sur deux piliers : la concentration avec les Communautés Hospitalières de Territoire (CHT),  un recul considérable de démocratie sanitaire. Par exemple, les Conseils d’Administration des hôpitaux qui comptaient plus de vingt-cinq membres sont réduits à des Conseils de Surveillance qui en comprennent neuf, tous désignés. Les ARS s’appuient sur la tarification à l’activité (T2A) qui met financièrement à genoux les hôpitaux et plus particulièrement les petits et la Réduction Générale des Politique Publique (RGPP) qui prévoit le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Il faut savoir que, dans le budget d’un hôpital, la masse salariale représente environ 70%. On sait qui en fera les frais.

 Voici deux exemples récents : L'IPP (institut de Puériculture et de périnatalogie de Paris) est  un institut de  grande réputation  nationale et internationale.  Il est aujourd'hui l'objet d'une procédure   de conciliation ouverte en décembre  2010. Il est à ce titre  menacé de liquidation judiciaire au même tire qu'une entreprise privée. 300 emplois sont menacés; les personnels ont fait une grève d'une journée dans la dernière semaine du mois de mars.

A Ambert, il n’y a que 3 à 4 heures de bloc opératoire le vendredi matin pour des actes ambulatoires sous anesthésie générale. Même les fractures, les hernies et les appendicites ne seront plus autorisées. Toutes les urgences chirurgicales seront transférées pour être opérées à Thiers ou ailleurs, même s’il y a permanence du chirurgien à Ambert. Le personnel du bloc a été invité  à accepter de travailler dans les autres services. « Le Conseil d’Administration du Centre hospitalier d’Ambert ne manquera pas de réaffirmer sa ferme volonté de conserver les services actuels de son hôpital: urgences, médecine, périnatalité, psychiatrie, chirurgie, surveillance continue, gérontologie », a indiqué le président de la communauté de communes Livradois-Forez. Une pétition est d’ailleurs en ligne.

Mais il y a aussi des avancées :

Rappelons Die, dont la décision de fermeture de la maternité avait été prise par M. le préfet de la Drôme pour le 1er mai 1987, puis par le Conseil d’Administration de l’Hôpital avec la décision de fermeture de la maternité et de la chirurgie au 31 décembre 2008.

Rappelons aussi  Carhaix, sa maternité et sa chirurgie et toute une population mobilisée, qui a obtenu gain de cause !

Aujourd’hui, Guéret, où la radiothérapie va rouvrir ses portes après une lutte de plusieurs mois.

Auch, où les lits de gériatrie sont maintenus. Argenteuil, où  les services de cardiologie et de radiothérapie ne ferment plus. Lerecul sur les annonces de fermeture de l’hôpital Georges Clemenceau dans l’Essonne.

Chacun de ces reculs est le fruit d’une mobilisation citoyenne !

Rappelons l’action nationale du 2 avril qui a été une première au vu du nombre d’organisations appelantes, avec 500 manifestants à Die. Depuis, en huit jours, 1590 signatures et 274 sur le blog http://www.collectifhopitaldie.org ont été recueillies pour demander que les autorisations de fonctionnement pour la maternité et la chirurgie (ouverte 24H/24 et 7 jours/7) soient accordées pour cinq ans.

En effet, on peut penser  qu’il serait plus facile de recruter du personnel soignant si l’hôpital de Die avait une vue à long terme et si la volonté existait de le doter  des moyens nécessaires en personnel et en équipements pour attirer les praticiens et les soignants.

Je veux insister également sur la déshumanisation des soins qu’entraînerait l’éloignement des patients avec la perte de chances qui s’ensuivrait, les parturientes qui devraient accoucher à Valence, le traumatisme pour l’enfant, le traumatisme pour la mère qui vient d’accoucher et ne peut avoir son compagnon près d’elle en raison du coût engendré pour se rendre et/ou rester près d’eux.

L’éloignement, ce sont aussi les accouchements dans les voitures ou devant les urgences comme à La Mure. C’est la mise en danger d’autrui.

Ajoutés aux suppressions de services hospitaliers qui conduisent à l’éloignement des patients et donc à des frais supplémentaires, les franchises, les forfaits, les déremboursements, la remise en question du 100% pour certaines affections de longue durée, de l’Aide médicale d’Etat  conduisent de plus en plus de personnes à reculer voire à renoncer aux soins. Se soigner devient de plus en plus difficile et coûte de plus en plus cher. Interrogés sur leur consommation de soins (consultations médicales, examens, interventions chirurgicales, soins dentaires ou achats de médicaments), près d’un quart (23 %) des Français répondent qu’ils ont, l’année 2010, déjà renoncé à (ou repoussé) des soins et 12 % indiquent qu’ils « pourraient le faire » . (Edition 2010 du « Baromètre » établi depuis quatre ans par « le Cercle Santé et Société » et le groupe Europe Assistance) Le Quotidien du Médecin du 23/09/2010.

Voici donc un premier bilan, de premières réflexions. Nous pourrons en déterminer les causes et les solutions possibles dans le débat.

                            Jean-Pierre RAMBAUD, Collectif de Défense de l’Hôpital de Die.

Pour les retours de la presse, cliquez ici.

Haut de page