Engageons une rénovation intégrale de l’actuel hôpital !

Le ressentiment et la colère des soignants qui subissent des années de coupes budgétaires, de rationalisation économique, des manques de moyens, des fonctionnements en mode officiellement dénommé « dégradé », des managements déshumanisants, des injonctions contradictoires, des pressions sont très vifs. Cette situation est, hélas, nationale et l’hôpital de Die n’y échappe pas.

Et les usagers dans tout cela ? Ils sont, avant tout et globalement, en empathie avec leurs soignants. Pour le reste, ils font comme ils peuvent. Malades, ils voient bien que le système de santé se dégrade, ils se rendent compte que, dans les hôpitaux et les EHPAD, il y a moins d’infirmières et d’aides-soignantes qu’avant, que les consultations avec des spécialistes sont toujours plus éloignées, toujours plus rares et qu’à Die il faut accoucher à 1h30 de route de chez soi… Ils souffrent aussi les usagers.

Et c’est sans parler des difficultés pour tous, usagers et soignants, exacerbées par le COVID19. Dans un communiqué du 11 octobre 2020, l’Ordre National des Infirmiers alerte ainsi sur « le quasi doublement des situations d’épuisement professionnel en quelques mois, le fait que plus d’un tiers des infirmiers salariés indiquent être en effectifs réduits par rapport à la normale, 57% des infirmiers salariés estiment ne pas disposer du temps nécessaire pour prendre en charge les patients, 2/3 des infirmiers déclarent que leurs conditions de travail se sont détériorées depuis le début de la crise […] »(1).

A Die, au milieu de tout cela, parmi les difficultés quotidiennes et répétées des soignants et des usagers, voilà qu’est proposée, depuis 2017, la construction d’un nouveau bâtiment en dehors de la ville de Die.

Dans ce contexte général, l’on peut aisément comprendre que certains voient ce projet d’un bon œil, comme un horizon scintillant qui aiderait à supporter le quotidien. L’on peut aussi comprendre que les bâtiments actuels incarnent la détestation et qu’il est devenu difficile de voir à long terme et de distinguer le bon du mauvais. L’on saisit encore que quiconque apporte de la contradiction à ce projet peut devenir, pour quelques-uns, l’oiseau de mauvais augure, celui qu’on n’a pas envie d’écouter.

Mais ne cédons pas à la force sombre du ressentiment et cultivons le goût du discernement et de la raison.

Oui, les actuels bâtiments de l’hôpital ont besoin d’une rénovation sérieuse, « lourde » – et pas du rafistolage à la petite semaine – pour en finir avec les huisseries qui fuitent, isoler le bâtiment du chaud et du froid, éviter les déperditions d’énergie, rénover les sols, les murs, les plafonds, à certains endroits la toiture, réorganiser certains espaces internes, en désamianter d’autres, moderniser l’EHPAD (chambres individuelles notamment) …

Cela dit, à ce jour, rien ne justifie objectivement, rationnellement, de jeter les bâtiments existants à la poubelle et de projeter un bâtiment en dehors de la ville.

Concernant tout particulièrement l’EHPAD, nos anciens méritent mieux qu’un isolement, loin de la vie, des cafés et des petits commerces accessibles à pied, loin des autres générations. Les placer dans une zone artisanale silencieuse, les invisibiliser en les éloignant de notre vivre-ensemble est aujourd’hui une ineptie politique, intellectuelle et vitale qui a trop souvent lieu. La crise du COVID19 en a d’ailleurs montré les pires aspects. C’est de notre condition humaine qu’il s’agit. Assumons-la dans sa totalité en nous reconnaissant dans ce vieil homme ou cette vieille femme.

Aussi le projet de rénovation intégrale des actuels bâtiments – voire une extension – écologique, créative, moderne, ambitieuse a toute sa place. Si les tutelles hospitalières – et leurs partenaires (Ville, Interco, Département) – s’en donnent les moyens, notamment techniques et professionnels, rénover les actuels bâtiments de l’hôpital peut devenir ce dont nous avons tous besoin : un projet fédérateur, ambitieux, ouvert sur la ville, accessible, écologiquement exemplaire, bref un outil de travail de qualité pour les soignants et un lieu de soins et de résidence confortable pour les usagers.

Rien n’est trop beau pour notre service public !

Le Collectif de Défense de l’hôpital de Die

Association loi 1901

1. Consultation réalisée du 2 au 7 octobre 2020 auprès des 350 000 infirmiers inscrits à l’Ordre et à laquelle 59 368 infirmiers ont répondu (https://www.ordre-infirmiers.fr/actualites-presse/articles/covid19-alerte-situation-infirmiere.html).

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