Ne perdons plus de temps pour l'hôpital

Le Collectif de Défense de l’Hôpital est régulièrement sollicité à propos du projet de nouveau bâtiment pour le centre hospitalier de Die.

Si le Collectif s’est moins exprimé ces derniers temps, c'est parce que nous attendions avant tout des éléments rationnels sur ce sujet mais ils ne viennent pas.

Nous avons toutefois pu prendre connaissance des comptes rendus du conseil de surveillance de l’hôpital de Die, des « pseudos » projets et, comme tout le monde, nous suivons les communiqués dans la presse locale.

Mais nous n’y trouvons, hélas, toujours aucun élément permettant de justifier sérieusement d'une nouvelle construction en lieu et place d’une reconstruction in situ.

Voici quelques éléments du débat.

Sur la posture de la ville de Die

Dans les communiqués de la ville de Die, il est soutenu que les élus présents au comité de suivi du 5 novembre 2020 auraient insisté auprès de l'ARS (Agence Régionale de la Santé) et du préfet pour que le projet de rénovation in situ fasse l'objet d'une vraie étude. Il est toutefois sérieusement permis d'en douter car, lors du conseil municipal du 23 mars 2021, Mme le maire faisait part de son intime conviction, étayée depuis des années, et déclarait que « le site actuel présente vraiment des contraintes fortes, notamment le passage par les remparts, et ça il n'y a rien à faire, [...] Aujourd'hui c'est le moment de se dire, puisqu'on ne l'a pas fait plus tôt, qu'on va à l'extérieur ». Comment pouvait-elle alors défendre véritablement une reconstruction sur place alors qu’elle était intimement convaincue que ce n’était pas le bon choix – là encore sans étude de fond ? Quoiqu’il en soit, malgré les postures défendues pendant la campagne municipale par les membres de l’équipe municipale, le revirement de la ville de Die, abandonnant toute réflexion sur le reconstruction in situ, est inquiétant. La conviction de Mme le maire s'est imposée à ses propres conseillers qui doutaient. Par ailleurs, les sommes engagées dans des études, sur le site de Chanqueyras notamment, confirment la volonté de la ville de Die de se courber devant la volonté de l'ARS et du préfet.

Concernant l'étude comparative citée dans les communiqués de l'équipe municipale et présentée en conseil municipal : elle compare bien les trois emplacements extérieurs au site actuel mais, étrangement, alors que cela ne coûtait rien, elle omet de signaler que le site actuel est déjà relié à la voirie, au réseau d'eau (avec un maillage qui a coûté des années de travail au service de l'eau), à la fibre optique (le premier branchement du Diois pour permettre notamment la transmission de la radiologie) et à tous les réseaux nécessaires et non existants sur les autres terrains : eau pluviale, électricité, basse tension, télécoms, etc.

Et à débattre pendant des mois du choix du site, la maire de Die reconnaît elle-même (conseil municipal du 23 mars) que l'on n’a même plus le temps de parler du projet de santé, ce qui est un comble.

 

Sur la démocratie et l’absence de concertation réelle

Ces décisions – pas de rénovation, recherche d’un nouveau site par la ville de Die – ont été prises lors d’un comité de suivi ad hoc convoqué par l'ARS.

Nous avons récemment demandé au président de la Communauté des Communes du Diois (CCD) et à Mme le maire de la ville de Die de pouvoir y participer. En réponse (venue des services et non des élus), il nous a été indiqué que ce comité de suivi n'existait plus et que le sujet se discuterait désormais dans le cadre du Contrat Local de Santé relevant de la CCD. Et pourtant, l’hôpital ne relève pas de la compétence intercommunale, mais bien de l'État. M. Matheron, président de la CCD, avait d'ailleurs justifié son vote en conseil de surveillance de l'hôpital (sept 2020) concernant le renouvellement de la maternité, en renvoyant la responsabilité de la fermeture de la maternité à l'ARS car elle ne relevait pas de la compétence des élus locaux. Il est donc permis de douter que la question de la reconstruction de l’hôpital de Die soit un objet de discussion réel du CLS.

 

Sur la supposée impossibilité de rénover l’hôpital sur site

Les travaux en cours de rénovation et d’extension des urgences in situ démontrent que c'est possible. Un million d’euros a été engagé et le résultat est probant, même si la période des travaux est contraignante pour le personnel et les usagers. Parallèlement, l'hôpital de Die a réalisé durant les dix dernières années d’importants travaux de mise aux normes électriques et de ventilation. D’autres exemples existent partout en France. Par exemple, non loin de chez nous, l'hôpital de Dieulefit a été entièrement rénové in situ à la satisfaction de tous, personnel, élus, usagers. Il n’y aucune raison objective que cela soit impossible à Die.

Un des faux arguments opposés à cette rénovation in situ consiste à dire qu’il sera possible d’agrandir et d'avoir de nouveaux projets en sortant l'hôpital de son lieu actuel. Rappelons, à toutes fins utiles, que la tendance nationale est plutôt aux fermetures de services et que celles de ces dix dernières années ont laissé un grand nombre de bâtiments vides dont l'hôpital n'a rien fait (bâtiment Reynaud, CAPAD, ancienne maison de retraite…). Et d’autres services sont aujourd’hui menacés comme la lingerie qui rend pourtant d’innombrables et précieux services au personnel et aux usagers. Dans ce contexte, l’argument de l’agrandissement potentiel est fallacieux.

Quant aux conditions de travail du personnel qui seraient nettement améliorées par un bâtiment ex situ (sans pour autant que l’on comprenne la différence avec une rénovation in situ), il ne faut pas oublier les années de promesses non tenues, d'améliorations non réalisées ou de travaux faits à la petite semaine, les années de diminution des moyens humains dans les services. Ce n'est pas un nouveau bâtiment qui résoudra les manques de moyens de fonctionnement ou les méthodes de management harassantes.

 

Une perte de temps inacceptable

Bref, nous perdons du temps. L’ARS s’est engagée lors de la fermeture de la maternité et de la chirurgie en 2017 – il y a 4 ans – à reconstruire l’hôpital. Le Centre hospitalier a acheté un terrain agricole trois fois son prix en 2019 et les services de l'État ont déclaré, peu de temps après, qu'il était inconstructible. La ville de Die fait une étude comparative, en payant des cabinets juridiques, sans prendre en compte les potentialités du site actuel. Les habitants ne sont pas consultés. Et pendant ce temps, aucun projet n'est imaginé in situ, les médecins et professionnels de l'hôpital réfléchissent sans perspective et sans cadre crédible. Ils voient leurs propositions refoulées par le conseil de surveillance…

Tout ce temps est du temps perdu, pour la rénovation du bâtiment, pour les conditions de travail du personnel, pour réfléchir à un projet de santé, pour travailler au maintien des services existants. Ce sont aussi des deniers publics gaspillés. Il est temps d'agir !

Le Collectif de défense de l'hôpital de Die participera aux manifestations du 22 mai et appelle les Dioises et les Diois à interpeller leurs élus pour agir rapidement en faveur d'un plan de rénovation de l'hôpital.

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